émotions

Il faut écrire ses émotions, peu importe si cela ne permet pas toujours de les comprendre. Nous avons en nous cette capacité à cumuler de la colère, à garder secret des amours, à cultiver la culpabilité et à faire de notre corps une prison à émotions, plutôt que de les laisser nous traverser comme nous traversons le temps.

Oui, la vie est brève, personne n’avait pensé à prévenir qui que ce soit de la fin imminente de la normalité, de cette parenthèse désenchantée, qui fait de nous de petits (z)héros cloitrés chez nous, quand nous le pouvons, assistant à la fatalité. Une belle leçon, qui n’empêche pas l’individualisme le plus répugnant (tu les vois ces égoistes qui s’écrasent sur la vie avec tout le poids de leur égo).

Il y a aussi le temps qui passe, les deuils, la fragilité de la vie, ceux qui meurent du virus  (le dernier invité sur la liste existante et menaçante, sans doute pas le dernier) celui qui fauche des vie en chauffant le compteur, sans que personne ne réalise vraiment combien,  les chiffres c’est toujours un peu abstrait, un stade de foot ? une ville moyenne ? toutes ces vieilles personnes ? et les moins vieilles d’ailleurs ? toutes ces victimes à qui on ne peut même pas dire adieu, et puis les autres, ceux qui meurent seuls, ceux qui meurent d’autre chose, oui, la fragilité de la vie, son insignifiance et les projets qui ne sont plus que des nuages éloignés, passagers. Il va pleuvoir, peut-être pas.

Une belle ambiance.

Ce n’est pas tout, sous l’ombre des relations brisées, des regrets et des retours en arrière, l’heure est propice à la méditation, à la réflexion et au remue méninges. On a beau retourner la terre, parler aux rosiers, et pleurer le chat, il y a une réflexion profonde qui revient caresser toute cette bizarrerie que nous traversons. Et les amours naissantes alors ? et la vitre cassée ? et ces problèmes de plomberie et d’organisation ? et mon retard de correspondance ? et mon rendez-vous digital que j’ai sciemment manqué avec un ami qui a pris la peine de m’inviter sur une île déserte bien imaginaire. C’est cela la solution temporaire : une île déserte. Je ne finis pas les phrases et je jette mes brouillons.

Les mots ont cette capacité de dire et de raconter des fictions. Lorsqu’on dit le réel, les choses sont plus difficile, parce qu’on fige ce qui ne nous appartient pas. C’est plus dur.

Le mutisme des jours d’orages, pourtant je parle aux rosiers, je pleure le chat et je pense aux lendemains, ceux qu’on ne connait pas encore mais qu’on imagine, en s’interdisant de se projeter, parce que demain est incertain.

 

 

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